Travail Attelage Expeditions Alaska90 Ak 90 - Jensken Camp
Trekking dans les Kigluaiks Mountains
 
Ces arbustes, rencontrés de plus en plus souvent, nous font perdre beaucoup de temps. A cause de ce nouvel obstacle, Philippe étudie un autre itinéraire.
"Nous sommes piégés", s'écrie notre navigateur.

En effet, deux solutions sont possibles. Contourner cette végétation luxuriante par la vallée et s'enfoncer jusqu'aux genoux dans les marécages, ou, traverser cette jungle qui recouvre tous les flancs de notre montagne... Griffés par les branchages, déséquilibrés par les racines glissantes, énervés par nos sacs volumineux qui s'accrochent sans cesse, deux heures sont nécessaires pour sortir de ce champ de bataille. Voilà quatre jours que l'équipe avance en direction du nord et découvre les premiers névés.
16 heures. Le bruit fracassant des galets qui s'entrechoquent dans le courant d'une rivière décuple nos forces. Notre prochain bivouac n'est plus très loin. Epuisés par notre dernier combat avec l'environnement, nous entamons une petit sieste d'une demi?heure avant de monter le campement. Soudain, surgissant de nulle part, un énorme quad déboule plein gaz, nous tirant brusquement de notre sommeil. ?"This is my claim, this is my claim... !!"

waypoint1
Un homme, dans une colère effroyable, descend de sa machine en hurlant dans sa langue natale :"C'est ma concession, c'est ma concession ....". De longues et laborieuses explications lui font comprendre que nous sommes de passage et qu'il n'est pas dans nos intentions de voler l'or de sa rivière. Le fou, déçu de ne pas avoir pris des pilleurs sur le fait, remonte sur son engin et accélère si brusquement qu'il faillit se retourner.
Le père à Carlo ne se sent pas très bien. Une douleur aiguë envahit son dos. Après le dîner, la veillée autour du feu de camp est très courte.
Tout le monde tombe de sommeil.
7 heures. Le froid nous réveille tôt et le départ pour Jensken Camp n'est pas rapide. Mario souffre toujours du dos. Une pluie glacée nous empêche d'apprécier à sa juste valeur cette vallée magnifique.
A midi, le beau temps revenu nous permet cependant de sortir la nourriture des sacs pour manger notre ration énergétique.
14 heures. Le ventre plein, nous reprenons "la route" dans une bonne foulée et sous un soleil radieux. Le relief relativement plat de cette vallée permet à la troupe de couvrir 10 kilomètres (après midi.
Un dernier contrôle de position nous annonce la proximité de notre prochain bivouac mais l'arrivée sur Jensken camp n'est pas sans risques. Pour passer de l'autre coté de la colline, il nous faut franchir une série de ravins d'une cinquantaine de mètres de profondeur. Le sol, meuble et pierreux, se dérobe sous nos pieds et à plusieurs reprises, chacun de nous faillit dévaler la pente sur le dos. La petite cabane, dont Philippe avait relevé l'existence sur la carte, est bien au rendez-vous.

 

Dans le ciel, se dessinent à l'horizon les ombres noires qui annoncent le retour du mauvais temps. Notre beau soleil a un sursis d'une demi heure! Effectivement, c'est dans un épais brouillard glacé que nous sommes obligés de dresser le campement.

En fin de journée, la Nome river est en vue. Elle redonne un peu de courage à l'équipe pour franchir le col derrière lequel se trouve certainement (emplacement de notre futur campement. Les rives de ce petit fleuve sont très accueillantes et nous déposons délicatement les sacs, libérant ainsi, nos épaules douloureuses de leur fardeau.
En étalant les divers éléments de la tente, Philippe s'aperçoit de la perte des piquets. Le vent qui souffle depuis ce matin ne nous permet pas d'utiliser des cailloux pour maintenir les toiles, aussi, les branchages rectilignes, poussant à proximité du camp, sont coupés pour reconstituer des piquets. Ils seront mieux sanglés la prochaine fois... Les nuages se retirent dans la soirée et nous laissent en cadeau, douceur et "mosquitos".

La moustiquaire, ayant bien rempli sa fonction jusqu'ici, nous assure une bonne nuit de repos. 8 heures. Philippe relève sur la carte les différents points de repère permettant de se diriger vers Salmon Lake, tandis que Jean-Michel et moi préparons le meilleur repas de la journée. Le soleil, toujours très haut, s'est installé pour la journée, je crois. De plus, le vent, encore présent, empêchera les moustiques de prendre nos joues pour leur petit déjeuner. En effet, ce vent leur interdit tout décollage ! Du haut d'un des cols de la Nome river valley, nous apercevons le théâtre de notre prochain exploit. Ces maudits arbustes, que nous reconnaissons bien maintenant, tapissent entièrement cette vallée. Comme prévu, la progression est fastidieuse. L'un derrière l'autre, nous nous frayons un passage dans cette abondante végétation, suivant les vestiges d'une ancienne voie de chemin de fer.